3 questions à Marie-Claude Guelfi sur le dopage

Les contrôles antidopage


1. Qui est concerné ? Quand ont-ils lieu ?

Tous les sportifs sur le territoire français, amateurs ou professionnels, peuvent subir un de ces contrôles diligentés par l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) qui en a réalisé 10 000 en 2022 et qui en prévoit 12 000 pour cette année. 70 % ont eu lieu hors compétition, c’est-à-dire lors des entraînements. Les 250 à 300 sportifs appartenant au groupe cible en raison de leur haut niveau de performance peuvent être contrôlés à tout moment, en un lieu de leur choix (leur domicile le plus souvent) et pour un créneau horaire d’une heure qu’ils ont déclaré dans le logiciel mondial ADAMS. Les sports d’endurance et de force sont les plus à risque de résultats anormaux de même que ceux impliquant des gains importants. En 2021, les trois sports où les pourcentages de cas positifs ont été les plus élevés ont ainsi été, par ordre décroissant, le
rugby, l’athlétisme et le cyclisme.

2. En quoi consistent ces contrôles ?

Il s’agit de rechercher la présence de substances interdites et/ou de leurs métabolites dans un échantillon biologique, le plus souvent l’urine, parfois le sang. Environ 300 substances sont inscrites à ce jour sur la « Liste des interdictions » établie par l’Agence Mondiale Antidopage (AMA) qui l’actualise chaque année. Ainsi, le tramadol sera interdit en compétition à compter du 1er janvier 2024.

Les analyses sont effectuées dans la trentaine de laboratoires dans le monde qui possèdent la double accréditation : ISO 17025 et Agence mondiale antidopage. Depuis le 1er janvier 2022, le département français des analyses est devenu indépendant de l’AFLD pour se conformer aux normes internationales. Désormais dénommé « laboratoire antidopage français (LADF) », il doit être transféré du site historique de Chatenay-Malabry à Orsay, au sein de l’Université Paris-Saclay.

3. Peut-on être sanctionné pour une prise accidentelle de médicaments ?

La seule présence d’une substance interdite suffit à caractériser une violation des règles antidopage, même si cette substance a été prescrite par un médecin ou délivrée par un pharmacien. Il faut particulièrement attirer l’attention sur deux médicaments : le Ginkor fort®, délivré sans ordonnance, qui renferme de l’heptaminol, substance interdite en compétition ; la prednisolone (Solupred®), souvent prise en automédication en utilisant des unités non consommées, alors que le principe actif rend positif les contrôles antidopage. C’est pourquoi, avant toute prise de médicament, il est fortement conseillé aux sportifs de vérifier sur le site « medicaments.afld.fr » qu’il est bien autorisé !

* Marie-Claude Guelfi représente l’Académie nationale de Pharmacie au sein de la Commission des sanctions de l’Agence française de lutte contre le dopage au titre des personnalités compétentes dans les domaines de la pharmacologie, de la toxicologie et de la médecine du sport.