Séance thématique

Cette séance aura lieu en Salle des Actes, Faculté de Pharmacie de Paris - 4, av. de l'Observatoire, Paris 6e.

A partir de 14h.

Également accessible via Youtube : https://youtube.com/live/DYd7wRYpUh0?feature=share
"Risques sanitaires liés aux microplastiques dans notre environnement"

PRÉSENTATION DU CONTEXTE par Jean-Ulrich MULLOT et Yves Lévi

EXPOSÉS

"Les microplastiques : définition, nature/diversité, les microplastiques porteurs et diffuseurs de polluants, savons-nous les analyser de manière fiable ?", par Guillaume DUFLOS

"Tour d'horizon de la contamination de nos environnements par les microplastiques", par Johnny GASPERI

"La face cachée des plastiques", par Jérôme CACHOT

"Human risk assessment of microplastics", par Raymond PIETERS

"Les plastiques en médecine : usages, règlementations et interrogations", Gilles DENNLER

DISCUSSION, CONCLUSIONS et RECOMMANDATIONS

Regardez la vidéo de présentation de la séance réalisée par Yves Lévi.


 

« Risques sanitaires liés aux microplastiques dans notre environnement »

 

Séance thématique

 

Mercredi 31 janvier 2024 de 14 h 00 à 17 h 00

 

Lien Youtube : https://youtube.com/live/DYd7wRYpUh0?feature=share

 

Programme

 

Le sujet des microplastiques dans l’environnement est très (et parfois trop) médiatisé notamment en raison de sa découverte relativement récente et des images de macroplastiques dans les océans qui marquent les esprits. L’alerte est jugée majeure en raison de deux risques principaux : risque écotoxique et risques sanitaires.

Depuis 70 ans la production mondiale annuelle de matières plastiques s’est accrue d’une manière exponentielle passant de 1,5 million à 460 millions de tonnes avec une estimation de 1 231 millions de tonnes en 2060 selon l’OCDE. Les MP utilisées dans l’emballage, la construction, le transport, l’électronique, les produits de santé et d’hygiène... sont devenues omniprésentes et quasi incontournables dans notre quotidien.

Toutefois, la gestion de la fin de vie des déchets plastiques, dont la masse est estimée à 460 millions de tonnes en 2019, est insuffisamment prise en compte tant qualitativement que quantitativement. Selon l’OCDE, en 2060 20 % seraient incinérés, 17 % recyclés, 50 % enfouis et le reste déversé dans la nature. Au cours de la seule année 2019, 22 Mt de matières plastiques ont été rejetés dans l’environnement.

Cette défaillance de gestion des déchets conduit à des images frappantes où les macroplastiques accumulés sur les mers et océans évoquent ce qui est appelé un « continent de plastiques ». C’est sans compter sur la pollution invisible constituée de micro et nanoplastiques et de molécules dissoutes issus de la dégradation/fragmentation des MP. Ces débris aux tailles, formes et compositions variées, viennent contaminer les différents compartiments de l’environnement (eaux, sédiments, sol, air) et atteindre la chaine alimentaire. Il s’agit à 88 % de macroplastiques, dont le rejet est le plus souvent la conséquence d’une collecte et d’une élimination inadaptées. Les 12 % restants sont constitués de microplastiques, c’est-à-dire de polymères de diamètre inférieur à 5 mm provenant de diverses sources, dont l’abrasion des pneus, ou le lavage des textiles.

Ces résidus de plastiques libèrent des constituants dans l’eau ou les aliments (plastifiants, additifs) et les particules adsorbent et accumulent des polluants externes (solvants organiques, polluants organiques persistants apolaires types PCB, perfluorés, organochlorés…), modifiant ainsi leur mobilité dans l’environnement (notion possible de cheval de Troie) et les risques d’exposition de l’Homme.

- La caractérisation et la quantification des microplastiques présents dans des matrices complexes (sols, aliments…), nécessitent des méthodes de prélèvement, d’échantillonnage et d’analyse performantes et validées. À ce jour, la cadence de ces méthodes reste limitée et ne permet pas encore de disposer de grandes séries de résultats.

- Les effets toxiques associés (polymère + charges + plastifiants + additifs) doivent être caractérisés pour évaluer les risques à moyen ou long terme liés aux expositions de l’Homme et de son environnement.

- En particulier pour les professionnels de santé, sans attendre l’évolution des connaissances scientifique à laquelle ils peuvent contribuer, dès à présent sur le plan pratique se pose la question : comment réduire les usages de plastiques dans le cadre des professions de santé et des laboratoires de recherche sans compromettre la qualité et la sécurité des pratiques ?  a séance propose de faire un point objectif et rigoureux de la situation concernant les méthodes de mesure, les données d’expositions humaines et les évaluations de risques associés ainsi que les stratégies de gestion.

Le déroulé porte sur la (les ?) définition(s) et la diversité, les méthodes analytiques et leurs limites, les niveaux connus de contamination des sols, de l’air, des eaux (continentales et marines) et du biote jusqu’à l’alimentation. Il s’agira ensuite d’illustrer la connaissance sur le risque sanitaire pour l’Homme et son environnement (dangers portés et diffusés par les plastiques, ingestion diffusion et métabolisation, effets connus). La séance s’achèvera sur les moyens de gestion et alternatives aux plastiques pour les professions de santé et la recherche.

 

14 h 00  Ouverture de la séance par Philippe Liebermann, Président de l’Académie nationale de Pharmacie

14 h 05   Présentation du contexte par Jean-Ulrich Mullot, Président de la 6e section de l’Académie nationale de Pharmacie et Yves Lévi, membre de l’Académie nationale de Pharmacie

14 h 10  « Les microplastiques : définition, nature/diversité, les microplastiques porteurs et diffuseurs de polluants, savons-nous les analyser de manière fiable ?  »

Guillaume Duflos, Laboratoire de Sécurité des Aliments - Site de Boulogne-sur-Mer

Les plastiques sont omniprésents dans notre quotidien. L'augmentation de la production de matière plastique depuis les années 1950 combinée à une mauvaise gestion des déchets plastiques ainsi qu'aux mauvais comportements des citoyens conduit à la contamination des écosystèmes terrestres comme marins.

En effet, tous les compartiments de l’environnement se trouvent contaminés par des microplastiques. Les microplastiques sont particules de taille inférieure à 5 mm. Ces microplastiques sont de compositions, de formes et de tailles différentes. Ils proviennent principalement de la fragmentation de macro-déchet due au vieillissement du plastique par aux conditions environnementales (vagues…) et climatiques (soleil…). Ils sont composés notamment de polymères et d’additifs et peuvent véhiculer à leur surface des contaminants chimiques tels que les métaux lourds, biotoxines marines ou des contaminants biologiques. Les microplastiques pourraient présenter un danger de par leur composition propre mais aussi par les contaminants véhiculés sous la forme de cocktail.

Les principales voies d’exposition chez l’être humain sont l’inhalation et l’ingestion. Néanmoins, sur ce sujet il convient d’avoir une approche intégrative en associant la santé des animaux et de l’environnement qui sont elles-mêmes impactées, dans un cadre globale « Onehealth ».

14 h 40  « Tour d’horizon de la contamination de nos environnements par les microplastiques »

Johnny Gasperi, Université Gustave Eiffel, GERS, Laboratoire Eau et Environnement, Laboratoire Eau Environnement et Systèmes Urbains

Diapositives présentées

Suite à l’utilisation massive de matières plastiques depuis maintenant plus de 50 ans, la pollution de nos environnements par les microplastiques (particules de taille < 5 mm) et leur effet associé est aujourd’hui un problème mondial, fortement médiatisé, et relayé par nombres d’acteurs de la société civile.

Cette présentation a pour but d’offrir un tour d’horizon de la contamination de nos environnements par les microplastiques et d’identifier certains leviers d’action. Dans cet objectif, cette présentation se structure autour de deux parties. Après rappel de quelques éléments méthodologiques et de définition, la première partie s’attachera à démontrer la complexité de la pollution aux microplastiques (tailles, formes, natures chimiques, etc.) ; complexité très souvent sous-estimée et qui constitue un véritable frein à des comparaisons poussées entre compartiments environnementaux. Ces prérequis méthodologiques sont indispensables pour circonscrire le sujet et mettre en perspective la contamination des différentes matrices environnementales par les microplastiques. La seconde partie de cette présentation dresse un rapide état de l’art, non exhaustif, de cette contamination en milieu urbain (eaux potables, eaux pluviales, eaux usées et boues résiduaires urbaines), mais également à l’échelle des bassins versants hydrologiques en évoquant la contamination du compartiment atmosphérique, des hydro-systèmes et des sols.

15 h 10  « La face cachée des plastiques »

Jérôme Cachot, UMR CNRS 5805 EPOC (Environnements et Paléoenvironnements Océaniques et Continentaux), Université de Bordeaux

Diapositives présentées

Les plastiques sont constitués d’une matrice polymérique associée à une multitude d’additifs (plastifiants, anti-oxydants, filtres UV, retardateurs de flamme, colorants, etc.) permettant de modifier leurs propriétés physico-chimiques ou d’augmenter leur résistance vis-à-vis des rayonnements ultra-violets (UV), de la chaleur, du feu, etc. Les additifs ne sont généralement pas liés au polymère par des liaisons covalentes et de ce fait peuvent être facilement libérés dans l’environnement notamment lors du vieillissement du plastique. Ils contiennent également des substances dites « non intentionnelles » (SNI) comme des résidus de synthèse (oligomères, solvants, catalyseurs, etc.), des impuretés, des produits de dégradation et parfois des polluants environnementaux. Certains de ces composants sont mutagènes, cancérogènes, tératogènes, ou encore perturbateurs endocriniens. Le vieillissement et la fragmentation des plastiques sous l’action des UV, de la chaleur, de contraintes mécaniques, ou après ingestion par les organismes conduit à la libération d’additifs et des SNI mais aussi de micro- et nanoplastiques (MNP). Ces composés et particules, en fonction de leur biodisponibilité, pourraient traverser les barrières biologiques et s’accumuler dans les tissus et, par la suite, induire des effets toxiques avec des conséquences à moyen et long terme pour la santé de l’organisme. Cet exposé a pour objectif de faire une synthèse des données de la littérature scientifique et de nos propres études, sur la contamination du biote, la toxicité des MNP et des mélanges d’additifs et de SNI dans différents modèles biologiques et les conséquences possibles pour la santé des écosystèmes aquatiques.

15 h 40  « Human risk assessment of microplastics »

Raymond Pieters, Associate Professor, Institute for Risk Assessment Sciences of Utrecht University (Faculty of Veterinary Medicine) and Professor in Innovative Testing in Life Sciences & Chemistry at University of Applied Sciences Utrecht (Hogeschool Utrecht)

Diapositives présentées

The EU-funded POLYRISK project explores human exposure to micro- and nanoplastics (MNP) and their potential toxic effects on the immune systems. POLYRISK considers occupational and consumer real-life exposure scenarios and puts a special emphasis on innate immune effects.

Results and challenges will be shared with regard to testing of MNP effects in humans and on various in vitro cell-based tests (using macrophages, neutrophils, epithelial cells). Challenges include analtytical assessment of actual exposure levels, MNP dosimetry and influence of environmental weathering.

16 h 10  « Les plastiques en médecine : usages, règlementations et interrogations »

Gilles Dennler, Directeur de la Recherche, Centre Technique Industriel de la Plasturgie et des Composites (IPC)

Diapositives présentées

Les plastiques sont aujourd’hui omniprésents dans les domaines médicaux et pharmaceutiques. Ils offrent des fonctionnalités et des performances qu’aucun autre matériau ne permet. A titre d’exemple, citons les emballages plastiques qui assurent la préservation des médicaments en protégeant contre les agressions extérieures (humidité, la lumière, oxygène) ou les dispositifs médicaux en plastique, tels que seringues, cathéters et tubes, qui sont essentiels pour les procédures médicales modernes. Afin d’assurer la sécurité des patients et du personnel soignant, la règlementation concernant les plastiques employés dans le contexte médical est stricte et ferme. Mais cette règlementation ne peut être basée que sur des connaissances existantes. Que sait-on, et que ne sait-on pas encore ? Nous tenterons de répondre à cette question durant cette présentation. 

Discussion, conclusions et recommandations

Clôture par Philippe Liebermann, Président de l’Académie nationale de Pharmacie

 

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