3 questions à Luc Hittinger

3 questions à Luc Hittinger

Sensibiliser à l’insuffisance cardiaque (IC)

1.    Pourquoi, quand et comment dépister suffisamment tôt l’insuffisance cardiaque ?

Longtemps méconnue, l’insuffisance cardiaque (IC) est une pathologie fréquente (1,5 million de patients), grave, plus mortelle que les cancers, et onéreuse (3 milliards d’euros en 2020). On la dépiste par un simple interrogatoire – antécédents cardiovasculaires, présence de facteurs de risque – mais aussi par la présence de symptômes tels qu’un essoufflement d’effort ou nocturne, des œdèmes des membres inférieurs, une prise de poids rapide, une fatigue excessive, rassemblés sous l’acronyme EPOF. Le dépistage précoce de l’IC est facilité par le dosage d’une hormone sécrétée par le cœur, le NT-proBNP : s’il est élevé, il faut consulter un cardiologue et pratiquer une échocardiographie. Le dépistage précoce limite l’inconfort du patient, la durée d’hospitalisation et protège le patient d’une forme plus grave, voire mortelle.

2.    Comment optimiser la stratégie thérapeutique ?

Elle repose sur trois piliers : 1. Un nouvel équilibre hydrosodé grâce aux inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine, aux antagonistes des récepteurs minéralocorticoïdes, et au sacubitril-valsartan. 2. Une réduction des effets délétères du stress par les bêta-bloquants. 3. Des conseils hygiéno-diététiques fondés notamment sur une diminution des apports en sel et plus d’activité physique. Ces traitements offrent une protection optimale à condition que les posologies finales soient celles atteintes dans les essais cliniques, sachant que les doses doivent être augmentées tous les 15 jours. Vu la pénurie de médecins, cette surveillance peut être déléguée à des infirmières formées, dédiées à cette pathologie.

3.    Quelle place pour le pharmacien ?

Le pharmacien hospitalier joue un rôle-clé dans l’éducation thérapeutique du patient en lui expliquant dès la sortie de l’hôpital les effets attendus et secondaires des médicaments ainsi que leurs possibles interactions et en assurant la conciliation médicamenteuse. Le rôle du pharmacien d’officine est essentiel et doit être accru : en délivrant tous les mois ses médicaments au patient, il peut repérer un changement de comportement, un essoufflement inhabituel, une prise de poids ... Il est le mieux placé pour favoriser l’observance, prodiguer des conseils hygiéno-diététiques et limiter les complications infectieuses délétères, notamment respiratoires, en vaccinant les patients contre la grippe et le pneumocoque.

Grand débat public Relations Pharmaciens-Patients, mercredi 12 octobre 2022, « Insuffisance cardiaque »