3 questions à Christiane Garbay et Jean-Daniel Brion

3 questions à Christiane Garbay et Jean-Daniel Brion

Hors vaccins, sur quels traitements peut-on compter contre la COVID-19 ?

1.    Comment les stratégies thérapeutiques ont-elles évolué ?

Parallèlement aux stratégies vaccinales qui ont enrayé l’épidémie dès début 2021, les recherches de traitements ont suivi plusieurs pistes. Les traitements antiviraux par anticorps monoclonaux (mAbs) ont été dirigés contre la protéine de spicule (S) favorisant l’entrée des virus via le récepteur ACE2 dans les cellules cibles du système respiratoire essentiellement. Diminuant rapidement la charge virale de sorte à réduire hospitalisations et morbidité, ces mAbs, accessibles dès février 2021 mais en quantités limitées et à des coûts élevés, n'ont pas la même efficacité selon les variants. De nouveaux mAbs visant différentes régions de la protéine S sont actuellement en phase d’essais cliniques. Très vite également, des traitements anti-inflammatoires/immunosuppresseurs, dont la dexaméthasone, se sont révélés efficaces lors d’emballement du système immunitaire pendant la deuxième phase de la maladie dans les cas graves. Quant aux essais de repositionnement menés en vue d’obtenir des petites molécules antivirales, mal coordonnés ou ne répondant pas aux standards, ils ont d’abord déçu avant qu’une dynamique scientifique n’aboutisse à la création de consortiums européens (REACTING, Inserm) promouvant des essais cliniques internationaux (Discovery ou Solidarity) utilisant largement des méta-analyses et des tests à haut débit.

2.    Des avancées thérapeutiques ?

L’Agence européenne du médicament (EMA) a récemment publié la première liste des médicaments ayant reçu une AMM pour leur efficacité dans le traitement et dans la prévention de la COVID-19. En plus de cinq vaccins, elle comprend huit médicaments, à savoir : quatre spécialités constituées d’anticorps monoclonaux antiviraux, dirigés contre la protéine S et administrées dès le début de l’infection, seules ou en association : les casirivimab/imdévimab Ronapreve®, le regdanvimab Regkirona®, le sotrovimab Xevudy®, les tixagévimab/cilgavimab Evusheld® ; un seul antiviral par voie orale est disponible en France, le nirmatrelvir associé à un inhibiteur du CYP3A, le ritonavir (Paxlovid®). Il est réservé aux patients à risque de formes graves et il n’est pas exempt d’effets indésirables (dont une diarrhée et une dysgueusie, la « bouche Paxlovid »). Enfin trois traitements antiinflammatoires/immunosuppresseurs : la dexaméthasone, le tocilizumab RoActemra®, anticorps monoclonal anti-IL-6, ainsi que l’anakinra Kineret®, antagoniste des interleukines IL-1α et β.

3.    De nouveaux défis ?

La pandémie n’est pas terminée... La huitième vague progresse en France à un rythme élevé avec plus de 50 000 cas recensés en moyenne chaque jour contre 16 000 avant l’été et une remontée des hospitalisations et des décès. Reste aussi la question du Covid long : entre 10 % et 30 % des personnes ayant contracté la maladie présentent encore plusieurs semaines, voire plusieurs mois après l’infection, des symptômes persistants, si nombreux et variés, que, malgré une intense activité de recherche, leur origine et leur ampleur ne sont pas encore plei- nement compris. Tant de zones d’ombre demeurent sur les mécanismes, les causes et la prise en charge qu'il n’existe à ce jour aucun traitement médicamenteux spécifique, mais des essais sont en cours sur des anticoagulants, antiviraux, antidépresseurs...